Nationale

Editorial du Président

Pour une fois, ne pas changer !

Depuis trop longtemps, la politique du logement s’est contentée de traiter les symptômes sans jamais s’attaquer aux véritables causes, ou, pour filer la métaphore médicale, on s’efforce de faire baisser la fièvre, sans soigner ce qui la provoque. Trop souvent, on préfère casser le thermomètre (voir mon édito du 29 août « Pas grave, il suffit de changer de médecin »).

Ainsi, pour enrayer la hausse des loyers, de grandes villes ont mis en place depuis plusieurs années un encadrement des loyers.

Or, les loyers flambent pour une raison simple : le manque de logements très certainement imputable à la frilosité des maires à délivrer des permis de construire. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes…

Quand la demande est supérieure à l’offre, les prix augmentent. Ce principe d’offre et de demande s’applique au logement comme à l’ensemble des biens et des services marchands. Encadrer les loyers, c’est masquer le symptôme, sans traiter la cause. Cela peut même l’aggraver, car certaines personnes, découragées, retirent leurs logements du marché.

De même, pour tenter d’enrayer la hausse des prix des logements, de nombreuses collectivités ont instauré le bail réel solidaire (BRS), afin de permettre à des ménages modestes d’accéder à la propriété sans pour autant devenir propriétaires du foncier.

Mais si les prix des logements sont aussi élevés, c’est avant tout parce que, là encore, l’offre fait défaut. Une fois de plus, on traite les effets sans s’attaquer à la cause.

Je pourrais multiplier les exemples.

À force de ne pas regarder la réalité en face et de traiter les symptômes plutôt que le mal, la France du logement est devenue la France des renoncements :

  • Renoncement des couples à avoir un enfant, faute d’un logement assez grand ;
  • Renoncement des étudiants, contraints d’abandonner ou de reporter leurs études faute de pouvoir se loger ;
  • Renoncement des salariés, qui déclinent une offre d’emploi faute de logement abordable à proximité ;
  • On pourrait même trouver un exemple extrême : le renoncement à décohabiter des couples qui ne s’entendent plus.

Soigner les symptômes sans traiter la cause, c’est entretenir la crise.

Il est temps de prendre une grande aspiration politique :

  • Construire plus ;
  • Libérer du foncier ;
  • Accélérer les permis ;
  • Financer le statut du bailleur privé.

Depuis sa nomination, Valérie Létard a démontré qu’on pouvait poser les vrais débats sur la table, sans dogmatisme, sans posture.

Elle s’est emparée de sujets complexes, comme la transformation des bureaux en logements, avec un souci de résultats concrets. Elle a réussi à fédérer la totalité des acteurs du logement autour du statut du bailleur privé, mesure portée et soutenue dès l’origine par la FPI. Elle aborde la question de l’évaluation des besoins de logements neufs sans dogmatisme.

Toutes ses initiatives vont dans le bon sens, ce que nous n’avons pas connu depuis longtemps. Pour tout cela, nous l’en remercions et l’encourageons.

Ne revenons pas en arrière, cette fois-ci nous sommes sur la bonne route.

Pascal Boulanger, président FPI