Le logement mérite mieux que des slogans
Je suis frappé par les solutions régulièrement sorties du chapeau par ceux que je n’hésite pas à qualifier de « faux-amis » du logement. Ce n’est pas tant une annonce en particulier que la répétition lancinante d’un réflexe bien français : dès qu’un problème surgit, certains pensent restriction et brandissent l’étendard de l’interdiction.
Trois exemples illustrent cette spirale :
Le coliving, d’abord. Ce mode d’habitat, choisi par certains pour son confort, sa flexibilité ou sa convivialité, est aujourd’hui dénoncé comme « une nouvelle forme d’économie ubérisée appliquée au secteur immobilier », accusé de favoriser la spéculation et la rentabilité. Une proposition de loi a même été annoncée pour mieux le réglementer, voire pour l’interdire. Le problème, une fois encore, est qu’on confond symptôme et cause. Si le coliving s’est développé, c’est d’abord parce que l’offre locative classique ne répond plus à la demande. Le mal, c’est la pénurie. Le coliving est une partie de la posologie pour conjurer le mal.
L’encadrement des loyers, ensuite. Le Premier ministre François Bayrou a officialisé le 7 avril 2025 le lancement d'une mission d'évaluation confiée à deux universitaires spécialistes de l'économie du logement. Un des objectifs de cette initiative gouvernementale est de préparer une éventuelle généralisation de ce dispositif au-delà de 2026. Si tel était le cas, le résultat ne se fera pas attendre : encore plus de contraintes, encore moins de liberté pour les propriétaires, encore moins de fluidité sur le marché. Là encore, c’est oublier que le vrai levier de la modération des loyers, c’est le jeu de la concurrence, donc une plus grande offre de logements. Et cela passe, devinez quoi… par la construction.
Dernier exemple, l’encadrement des prix du foncier. Une proposition de loi a été déposée visant à donner aux communes le pouvoir de fixer un prix plafond pour la vente de terrains, avec un encadrement strict fondé sur un prix médian majoré de 15 %. Un groupe parlementaire du Sénat veut aller dans le même sens, avec la création d’un observatoire pour piloter les prix à la parcelle. Comme si l’on pouvait fixer les prix du sol comme on fixe un tarif de transport. Comme si, là encore, l’outil magique du contrôle administratif allait produire une abondance que la réalité économique, elle, ne crée pas.
Ces débats sont récurrents. Ils reviennent, année après année. Et pourtant, l’origine du problème est toujours la même : le déficit structurel d’offre et l’absence de dispositif permettant d’inciter les investisseurs particuliers à l’achat d’un logement.
Le plus simple est toujours de désigner un coupable : le promoteur, l’investisseur, le propriétaire. Et de voter une interdiction ou un encadrement de plus. Cela peut faire illusion quelques semaines tout au plus. Mais cela n’apporte aucune solution durable.
Nous n’avons pas besoin de désigner des ennemis. Nous avons besoin de partenaires pour bâtir. Le rôle des pouvoirs publics devrait être de rendre possible l’acte de construire, pas de le complexifier davantage.
Le logement mérite mieux. Mieux que des slogans. Mieux que des rustines réglementaires. Mieux qu’un éternel recommencement. Il mérite une politique d’offre, cohérente, ambitieuse et assumée. Il mérite une politique de la demande. Une mission parlementaire y travaille actuellement, et c’est une bonne chose.
C’est à la construction d’une politique cohérente, incitatrice, raisonnable et raisonnée que nous œuvrons chaque jour à la FPI. Nous défendons notre métier qui consiste à loger tous nos concitoyens. Inlassablement.